Tanger, la ville

Petite histoire (de l'art) par Michèle Grandbois, conservatrice de l'art moderne au MNBAQ
2 juillet 2014

L'automne 1912 étant pluvieux, James Wilson Morrice décide de retourner à Tanger pour l'hiver: «Je veux des couleurs vives», affirme-t-il dans une lettre. Sait-il qu'Henri Matisse y est depuis le 8 octobre? Le Canadien arrive au cours du mois de décembre, sans doute depuis Marseille, et s’installe de nouveau à la Villa de France. Charles Camoin, un ami de Matisse, y est aussi : les trois artistes partagent souvent le repas du soir, mais le fort penchant de Morrice pour le whisky déconcerte les Français. Ont-ils aussi travaillé côté à côte? D’après Matisse, ils ne se fréquentaient qu’« en dehors des séances de travail ». 

Grâce à son carnet de croquis, on peut suivre Morrice à Tanger, pendant son second séjour à l’hiver 1912-1913.

Il peignit alors une jolie maison garnie de treillis, tout en haut de la médina, devant la porte Bab-el-Assa. C’était — et c’est encore aujourd’hui — un café que Matisse a lui-même beaucoup dessiné : « Une petite merveille, écrit-il, peinte en blanc bleuté à la chaux, et le rez-de-chaussée, un peu en retrait, est palissé de petit bois bleu foncé sur lesquels poussent des volubilis énormes violet foncé ». Si Matisse a vu la maison au soleil, avec ses volubilis épanouis, Morrice l’a découverte sous un lourd ciel d’hiver, ses fleurs fanées.

John Lyman, Tanger, la ville, 1913. Huile sur toile. Collection particulière, Alberta

 
 

En savoir plus sur l'exposition Morrice et Lyman en compagnie de Matisse.

Participez aux activités entourant l'exposition!

Laissez votre commentaire