Trois artistes américaines à découvrir au MNBAQ cet été

À voir par MNBAQ
13 juin 2022

Edward Hopper, Andy Warhol et Mark Rothko, ont-ils encore besoin d’être présentés ? Figurant parmi les artistes américains les plus célèbres du 20e siècle, la simple mention de leurs noms suffit à évoquer des imageries uniques, reconnaissables entre toutes.

Cet été au MNBAQ, vous aurez la chance de les voir dans l’exposition America. Entre rêves et réalités aux côtés de plusieurs autres artistes favoris du public dont Louise Bourgeois, Alexander Calder, Willem de Kooning ou Georgia O’Keefe. Mais ils y côtoient aussi des artistes américains dont l’importance a pu nous échapper, de ce côté-ci de la frontière.

Faites connaissance avec trois d’entre elles.

Grandma Moses

Au cœur de la section sur les paysages imaginés, un petit tableau détonne, par son format et par son style, des œuvres voisines : The Old Oaken Bucket (Le vieux sceau en chêne) de Grandma Moses. Peu connue, voire inconnue au Québec, Grandma Moses est une très grande célébrité aux États-Unis, surtout connue pour ses paysages ruraux folkloriques.

Anna Mary Robertson Moses, de son vrai nom, nait en 1860. Après une vie à travailler dans des exploitations agricoles et à élever ses enfants, elle prend, à 78 ans, une retraite bien méritée et commence à peindre. Son sujet de prédilection, les fermes traditionnelles de Virginie et de l’État de New York, où elle a œuvré.

Ses tableaux naïfs offrent une vision pastorale idyllique, nostalgique d’une époque disparue. Très vite, son travail est salué par la critique. Dans l’après-guerre, ses œuvres, qui font écho à l’obsession d’un passé prétendument plus simple, deviennent extrêmement populaires et sont commercialisées sous forme de cartes de vœux. Elles valent aujourd’hui une fortune.

Bien qu’ayant commencé sa carrière à un âge avancé, Grandma Moses va, en 25 ans de pratique, apparaitre en couverture de nombreux magazines et à la télévision et un documentaire sera même consacré à sa vie. Elle meurt en 1961 à 101 ans.

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Lorna Simpson

Crédit photo : James Wang

Lorna Simpson est une photographe et artiste multimédia américaine née à Brooklyn, surtout connue pour son travail en photographie conceptuelle. Elle utilise la photographie, la vidéo et le collage pour explorer l'identité en s'inspirant de ses propres expériences en tant que femme noire.à

Simpson s’est fait connaître dans les années 80 avec des installations qui combinent formules lapidaires et photographies réalisées en studio. Se moquant des conventions de la photographie, elle y met au défi la conception classique du portrait et interroge subtilement les définitions stéréotypées de l’identité.

Œuvre inspirée de l’expérience de l’artiste comme secrétaire et exposée sur les murs du MNBAQ cet été, Prévisions sur cinq jours dévoile les clichés sexistes, les sous-entendus racistes et les autres idées préconçues qui façonnent le quotidien des femmes noires dans leur milieu de travail. L’artiste y joue habilement avec le préfixe mis, que l’on retrouve par exemple dans les mots misunderstood (mal comprise, incomprise) et le terme miss (mademoiselle en anglais).

Grâce à ses œuvres puissantes mêlant mots et photographies, elle a été la première femme afro-américaine à représenter les États-Unis à la Biennale de Venise en 1993.

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Rozeal

Crédit photo : Chester Higgins/The New York Times

Vivant et travaillant à Washington, Rozeal (anciennement connue sous le nom d'Iona Rozeal Brown) est une peintre américaine dont l’œuvre interroge l’hybridité culturelle et la manifestation de l’identité. Elle est ainsi connue pour son utilisation des techniques traditionnelles d'impression ukiyo-e réunissant et mêlant le folklore japonais, les geishas, le kabuki et l'imagerie des samouraïs à des références hip-hop et à la culture afro-américaine. Le résultat est unique.

Exécuté après un séjour au Japon, l’œuvre Style libre que vous pouvez voir au MNBAQ, est emblématique de la démarche de l’artiste. À première vue, l’œuvre semble représenter une femme japonaise comme on en voit souvent dans les estampes traditionnelles, mais à bien y regarder, celle-ci arbore des tresses typiquement africaines et les autocollants recouvrant son manteau portent l’inscription « the finest in black music ».

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S’inspirant des estampes japonaises ukiyo-e de l’époque d’Edo, Rozeal se penche sur le ganguro, phénomène culturel né dans les années 1990 au Japon, qui a vu des adolescents s’approprier le look hip-hop américain en fonçant artificiellement leur peau, en coiffant leurs cheveux à la mode afro et en adoptant les tenues vestimentaires appropriées.

L’artiste s’interroge ainsi sur la diffusion mondiale du hip-hop qui, ainsi détaché de son contexte, est parfois réduit à un concept superficiel. Le sous-titre de l’œuvre le rappelle d’ailleurs : « ne fais pas semblant, on voit clair en toi ». « Être Noir, ce n’est pas comme endosser un habit. On est Noir, tout simplement », souligne-t-elle, et son travail témoigne des ambivalences et des risques qu’impliquent souvent les échanges amenés par la mondialisation.

 

Découvrez le travail de ces trois artistes dans l’exposition America. Entre rêves et réalités. La collection du Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, présentée au MNBAQ jusqu’au 5 septembre 2022.

Ces textes sont en partie inspirés de ceux du catalogue officiel de l’exposition disponible à la Librairie-Boutique du MNBAQ et en ligne.

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