Petite histoire (de l'art) par MNBAQ
19 avril 2024

Certains se font un nom, d’autres se taillent un prénom. C’est le cas de Rembrandt, connu et désigné par son seul prénom, mais né en 1606 ou 1607 sous le nom de Rembrandt Harmenszoon van Rijn. Il est généralement considéré comme l’un des grands maîtres de l’art européen et comme le grand maître de l'eau-forte du 17e siècle, le Siècle d'or néerlandais, durant lequel culture, science, commerce et influence politique des Pays-Bas ont atteint leur apogée.

L’artiste grandit au sein d’une famille nombreuse et aisée : son père, Harmen Gerritszoon van Rijn, est meunier.  Le patronyme « van Rijn » indique d’ailleurs que le moulin familial donne sur le Rhin. À l'âge de 14 ans, il interrompt ses études universitaires pour commencer l’apprentissage de la peinture auprès de différents artistes, qui le forment à plusieurs mediums.

PREMIERS PAS ARTISTIQUES

Rembrandt ouvre un atelier en 1625 dans sa ville natale de Leyde et se consacre d'abord principalement à la peinture d'histoire et aux tronies. Les tronies sont des trognes, des visages généralement excentriques ou à l’expression exagérée. Le terme désigne un genre distinctif de la peinture baroque flamande. Les scènes bibliques et la religion occupent aussi une place centrale dans son œuvre. En 1628, il réalise ses premières eaux-fortes et dès 1627, l’artiste commence à accepter des élèves.

En 1629, les commandes d’un homme politique apportent la notoriété au jeune Rembrandt et le sortent de ses difficultés financières. Il s’installe par la suite à Amsterdam et épouse Saskia, la nièce d’un ami marchand d’art, Hendrick van Uylenburgh.

Innovant et prolifique

Dans la capitale d’affaires, son objectif est de percer de manière durable sur le marché de l'art. Il s’y emploie en innovant, tant du point de vue des sujets que de la technique. Il expérimente inlassablement. Rembrandt se distingue par l’humanisme qu’il insuffle aux sujets bibliques, ainsi qu'une maîtrise grandissante des techniques de gravure et du clair-obscur. Alors que ses œuvres gagnent en qualité, sa réputation s’établit et les commandes s’enchaînent.

À partir de 1633, il signe ses oeuvres de son seul prénom, à la manière de Raphaël ou Michel-Ange.

En parallèle du développement de la gravure, l’artiste continue à peindre et dessiner. Il a réalisé près de 400 peintures, 300 eaux fortes et 300 dessins.

Prenant le contrepied de ses contemporains qui se spécialisent dans un seul sujet, il élargit les styles et figures qu’il choisit d’aborder dans ses œuvres : portraits, autoportraits, paysages, scènes de genre, scènes allégoriques et historiques, thèmes bibliques, peintures mythologiques et études animales. Sa famille proche lui sert régulièrement de modèle.

Le style qui le caractérise, décrit comme l'union de la technique, du style et de richesse émotive, se développe véritablement dans les années 1640. Rembrandt découvre l'œuvre de Léonard de Vinci qui exerce une grande influence sur son travail à venir, notamment sur La Pièce aux cent florins, son œuvre gravée la plus aboutie en termes de composition et de technique et qui deviendra aussi la plus célèbre.

Rembrandt est aussi un marchand et un évaluateur aguerri. Axant son atelier sur la vente, il en fait une véritable entreprise. Surtout, il est le créateur de sa propre valeur marchande, provoquant de la spéculation autour de ses gravures. Tantôt il multiplie les tirages pour susciter la demande, tantôt il rachète ses propres eaux-fortes à grand prix pour créer de la rareté et faire monter leur cote. C’est le cas de La Pièce aux cent florins.

revers de fortune

Après avoir connu un grand succès, ses dernières années ont été marquées par des scandales sur le plan social, ainsi que des difficultés financières. Collectionneur invétéré d’objets et d’art, son train de vie lui fait accumuler les dettes et ses tableaux lui rapportent moins qu'avant. En 1656, il officialise sa faillite. Sa deuxième compagne Hendrickje et son fils Titus fondent une association pour continuer le commerce de ses œuvres d'art.

En 1663, Hendrickje meurt et Titus se marie, laissant Rembrandt seul. Il meurt le 4 octobre 1669 à Amsterdam, désargenté, n'ayant plus souhaité produire de nouvelles oeuvres. Il aura connu tour à tour connu l’opulence et la nécessité.

UN PRÉNOM QUI PERDURE

Peinte comme gravée, son œuvre a, elle, marqué l’histoire de l’art durablement et son prénom a traversé les siècles. Rembrandt a apporté une contribution décisive à l’épanouissement de l’art baroque. Plus de 350 ans après sa mort, les expositions qui lui sont consacrées sont toujours un événement.

Du 25 avril au 2 septembre 2024, c’est à Québec que l’on pourra apprécier la virtuosité de son œuvre gravée au MNBAQ dans l’exposition Rembrandt. Gravures du Museum Boijmans Van Beuningen. Une exposition rendue possible par un généreux prêt du Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam, Pays-Bas.

 


Sources

Wikipédia (La pièce aux cent florins, Rembrandt, Gravures de Rembrandt, Tronies)

Joël Cornett, Rembrandt, l’art et l’argent (avril 1992)

 

Oeuvre 

Rembrandt van Rijn, Le Christ bénissant les enfants et guérissant les malades ("La Pièce aux cent florins") , vers 1648, Eau-forte, burin et pointe sèche, 278 x 392 mm Collection Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam, DN 1971/292 (PK) Don du Dr. A.J. Domela Nieuwenhuis, 1923 / Photo: Rik Klein Gotink

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