Leila Zelli, lauréate 2023 du prix Lynne-Cohen

Nouvelles par MNBAQ
11 octobre 2023

La Succession Lynne Cohen, en collaboration avec le Musée national des beaux-arts du Québec et sa Fondation, est fière de décerner le prix Lynne-Cohen 2023 à Leila Zelli.

Remis tous les deux ans depuis 2017, ce prix vise à soutenir la pratique d’artistes professionnels québécois de la relève en arts visuels, qui accordent une place centrale à la photographie dans leur pratique. La lauréate recevra une bourse de 10 000 $ et son travail sera mis en lumière grâce à un portrait vidéo produit et réalisé par le MNBAQ, qui sera diffusé sur toutes ses plateformes.

Plusieurs artistes ont été proposés par les membres du jury réunis en septembre dernier, outre Leila Zelli : Simon Emond, Mallory Lowe Mpoka, Dayna Danger, Fatine-Violette Sabiri et Alphya Joncas. Les discussions, entourant les pratiques de l’ensemble de ces artistes, ont été riches et généreuses et plusieurs membres du jury ont eu l’occasion de découvrir des œuvres particulièrement fortes au-delà du mandat confié.

Le jury du prix Lynne-Cohen 2023

L’étude des candidatures a été faite sur la base des propositions soumises par un jury réuni et présidé par Bernard Lamarche, conservateur de l’art actuel (2000 à ce jour) au MNBAQ. Le jury était composé d’eunice bélidor, commissaire indépendante en art contemporain et autrice, de Florence-Agathe Dubé-Moreau, commissaire indépendante en art contemporain, autrice et chroniqueuse, de Michel Hardy-Vallée, chercheur invité au Gail and Stephen A. Jarislowsky Institute for Studies in Canadian Art, et de Marie-Christiane Mathieu, artiste et professeure à l’École des arts visuels de l’Université Laval.

Les membres du jury ont été impressionnés par le talent de Leila Zelli. Ils ont apprécié notamment la sensibilité avec laquelle elle fait voir les images, la finesse de son travail, les tensions entre ce qu’il y a de visible et d’invisible dans le monde politique. Sa propension à faire voir la fragilité de l’image est également ressortie comme une des qualités de son travail.

Leila Zelli, un travail marqué par l’ailleurs

Le rôle de la photographie dans le travail de Leila Zelli est souvent sous-entendu. Dans la série Les paysages sacrés (2018), des paires d’images font se rencontrer les pétales secs d’une rose de Damas, rapportée d’un voyage en Iran par sa mère, et les pages du vieux Coran de sa grand-mère, renvoyant aux guerres de religion qui menacent la fleur ancienne, ainsi que les êtres chers disparus. Il s’y construit également une filiation entre les générations de femmes.

L’artiste ne peut retourner en Iran sans risque, mais continue de dénoncer des problèmes sociaux politiques, sans faire l’économie de poésie dans les rapprochements qu’elle opère entre les images, les histoires et les gens. Comme le souligne la galerie Pierre-François Ouellette art contemporain, qui représente l’artiste, «il en résulte des expériences visuelles et sonores qui suscitent un moment de réflexion sur l'état du monde, sur le rapport à l’autre et sur la portée effective de nos gestes sur l’humanité.»

Ailleurs, les ruines côtoient dans son œuvre les terrains de jeux, dont on n’entend que le son. Aussi, certaines des vidéos de l’artiste sont à voir par des orifices, engageant le corps pour qu’il perçoive le monde comme à travers des trous de balle dans des murs criblés. Un des thèmes de son travail demeure l’absence d’images et la perdition d’un patrimoine culturel, humanitaire et personnel. L’artiste s’intéresse tout particulièrement au courage dont font preuve les femmes dans les réalités géopolitiques iraniennes.

Leila Zelli en bref

Née à Téhéran (Iran), Leila Zelli vit et travaille à Montréal. Détentrice d’une maîtrise (2020) et d’un baccalauréat (2016) en arts visuels et médiatiques de l’UQAM, elle s’intéresse aux rapports que l’on entretient avec les idées «d’autres» et «d’ailleurs» et plus spécifiquement au sein de cet espace géopolitique souvent désigné par le terme discutable de «Moyen-Orient». Elle crée des installations numériques in situ, réalisées au moyen d’images, de vidéos et de textes souvent glanés sur Internet et les réseaux sociaux. En résultent des expériences visuelles et sonores qui suscitent une réflexion sur l’état du monde, sur le rapport à l’autre et sur la portée effective de nos gestes sur l’humanité.

Ses réalisations font désormais partie de la collection du Musée d’art contemporain de Montréal, de la collection du Musée des beaux-arts de Montréal, de la collection Prêt d’œuvres d’art du Musée national des beaux-arts du Québec, de la collection du Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul et de la collection de la Caisse de dépôt et placement du Québec. 

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