En coulisse par Marie-Hélène Raymond, édimestre et gestionnaire de communauté, MNBAQ
1 octobre 2013

Rencontre avec Laetitia Jugnet, 35 ans, restauratrice au Musée national des beaux-arts du Québec depuis un peu plus d'un an, master 2 en conservation-restauration des biens culturels, spécialité peinture de chevalet, et master 2 en conservation préventive du patrimoine de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Qu’est-ce que c’est que le métier de restaurateur d’œuvres d’art?

Restaurateur est un terme générique qui recouvre de multiples spécialités, telles que peinture murale, peinture de chevalet, sculpture sur bois, textile, objet archéologique, vitrail, œuvres sur papier, mobilier, bâtiment… les techniques vont différer en fonction du type d’objets et des matériaux constitutifs, mais l’approche et le processus de travail présentent toujours des points communs. Avant d’entreprendre une intervention, il est important d’examiner l’objet en détail. L’époque de sa création, le contexte, la technique de mise en œuvre, les matériaux utilisés et l’état actuel sont autant de données essentielles qui vont conditionner la méthode à suivre et permettre d’établir un diagnostic. Le restaurateur opère en concertation avec l’historien de l’art, c’est-à-dire le conservateur. Il s’appuie sur des connaissances historiques et scientifiques afin de respecter l’authenticité de l’œuvre.

Quelles sont les principales qualités d’une restauratrice?

Je citerai le titre d’un ouvrage de référence : « Science et patience » ou la restauration des peintures, de Ségolène Bergeon (Réunion des Musées Nationaux, Paris, 1990).

Quelles sont ses tâches au quotidien?

Notre quotidien est rythmé par la planification des opérations du Musée : arrivées et départs d’œuvres, montages et démontages d’expositions, acquisitions, constats d’état, préparation des œuvres, interventions de restauration, mises en réserve… Nous réajustons constamment la logistique des opérations autour du suivi des collections et du contrôle de leur environnement. Autant dire qu’aucune journée ne ressemble à une autre!

Quelle est l’implication de la restauration lors du montage d’une exposition?

Au Musée, l’équipe de restauration est composée de trois personnes : deux techniciennes en muséologie, Julie Bélanger et Linda Boucher, et moi-même. Nos interventions commencent plusieurs mois avant l’ouverture d’une exposition. Lorsque la liste des œuvres sélectionnées pour une exposition est définie, nous faisons un constat de chaque œuvre, et c’est à ce moment-là que nous planifions nos interventions. Pour en citer quelques-unes : dépoussiérage, consolidation, décrassage, reprise de déformation, retouche, ajustement de cadre, montage d’encadrement, montage d’œuvres d'art graphiques, ajustement de support, fabrication de support, mais aussi recherches documentaires, rapports d’intervention, rapports de montage…

Quels sont les principaux défis d’une restauratrice?

Dans le cadre d’une institution muséale, le principal défi est d’être tout le temps au point d’équilibre entre l’éthique de la profession et les demandes. Présenter une œuvre tout en en assurant sa conservation.

Quelle est votre œuvre préférée de la collection du MNBAQ?

J’ai la chance de découvrir tous les jours de nouvelles œuvres dans la collection. Une œuvre personnelle, je répondrai l’œuvre de Bernar Venet, Deux Arcs de 245,5° chacun, présentée dans le jardin des sculptures, et si je devais répondre à une œuvre de la restauratrice, je dirais les œuvres de l’exposition Vers un renouveau artistique, La revue Le Nigog, 1918,, en tournée en ce moment.

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