Passion hivernale | Suzor-Coté (1 de 5)

Petite histoire (de l'art) par Anne-Élisabeth Vallée, détentrice d'un doctorat en histoire de l'art de l'UQAM
11 février 2016

La collection d’œuvres d’art de l’homme d’affaires et philanthrope Pierre Lassonde, présentée dans l'exposition Passion privée, est le fruit de l’exercice de l’œil averti du collectionneur, qui avance patiemment, ne voulant acquérir que ce qu’il y a de mieux. S’en dégage également un amour pour le paysage, et plus particulièrement pour les scènes d’hiver, cette saison qui définit véritablement le Québec.

Nous souhaitions aborder ce sujet du paysage hivernal dans une série de billets de blogue décrivant près d'une vingtaine d'œuvres présentées en salle d’exposition.

Pour cet article, Anne-Élisabeth Vallée, détentrice d'un doctorat en histoire de l'art de l'UQAM décrit Paysage d'hiver (Collines d’Arthabaska)toile de Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté.

Suzor-Côté, Paysage d'hiver
Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté, Paysage d’hiver (Collines d’Arthabaska) (s.d.). Huile sur toile,22,9 x 30,5 cm. Collection Pierre Lassonde.

 

Peints à une quinzaine d’années d’intervalle, Paysage d’hiver (Collines d’Arthabaska) et Les Appalaches à Arthabaska témoignent de la constance des préoccupations de Suzor-Coté à la suite de son retour définitif au Québec en 1907. Ces tableaux à la composition très proche illustrent tous deux la topographie vallonnée de la région natale de l’artiste, recouverte d’un épais manteau de neige. Déjà en France, l’attention de Suzor-Coté s’était portée à quelques reprises sur les paysages d’hiver des régions de Cernay et de Senlisse. Revenu dans ses terres d’Arthabaska, le peintre, qui souhaite contribuer à la construction d’un art national, tente d’y parvenir en mettant en valeur les spécificités du paysage canadien, comme le feront plusieurs de ses contemporains14. La saison hivernale, et plus précisément la diversité de ses phénomènes météorologiques et atmosphériques, constituera pour lui une source renouvelée d’inspiration tout au long de sa carrière.

Paysage d’hiver (Collines d’Arthabaska) est une pochade exécutée en plein air, sans doute durant l’hiver suivant le retour de Suzor-Coté au Canada. Comme dans plusieurs de ses études sur le motif, le peintre cherche à capter le plus rapidement possible, à l’aide d’une pâte épaisse, l’effet fugace produit par le soleil couchant sur le ciel et les collines d’Arthabaska. Perçant à travers un léger couvert nuageux, les rayons solaires illuminent le ciel de leurs teintes roses et orangées qui se reflètent subtilement sur la végétation et la neige. L’éclat du coucher de soleil est accentué par le contraste saisissant entre ces couleurs chaudes et les nuances de bleu et de gris qui dominent le reste de la composition en se saturant graduellement jusqu’à la ligne d’horizon où se profilent les Appalaches.

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