À voir par Valériane Cossette, collaboration spéciale MNBAQ
1 septembre 2016

La lumière. 

Qui entre de partout et de nulle part. Un musée lumineux. Ouvert. 

Mais c'est plus encore. 

Ce musée c'est comme une grande promenade sur les plaines, en ville, à travers l'art d'ici. Une boîte en verre qui cache plein de petits moments, de surprises. Son architecture rend hommage à notre si belle ville et à l'environnement qui l'entoure. 

Chaque carreau de verre, chaque pièce, chaque détail du bâtiment sont pensés pour nous faire aimer notre musée. Pour nous laisser voir les Plaines sur un autre angle, regarder notre ville et découvrir l'art sous la lumière du soleil. 

Je ne suis pas une architecte. Je regarde cette structure avec les yeux de la personne intéressée, curieuse. Pour m'aider à comprendre certains aspects de cet art complexe et réfléchi, j'ai fait la visite avec mon frère, professeur en architecture, qui a commenté chaque détail.

Et je m'excuse d'avance : ce texte est long. Peut-être trop long. Je me suis laissé emporter. Cette oeuvre d'architecture m’a inspirée. Quand un sujet me touche et me parle comme c'est le cas ici, je me laisse un peu trop transporter au fil des mots et de mes impressions. 

Et puis, l'architecture, c'est un sujet vaste et complexe qui prend plus que 500 mots à apprécier et à expliquer… Je ne voulais pas vous laisser sur votre appétit, même si pour être complète, j'aurai pu en écrire le double… 

Transparence, lumière et ouverture 

Une des particularités du nouveau pavillon Pierre Lassonde — très visible dans le grand hall, mais aussi dans la librairie-boutique et sur le mur de façade —, c’est son mur rideau de verre.

Mais qu’est-ce qu’un mur rideau, me demandez-vous? Eh bien, expliqué de manière très simpliste, c’est un mur qui n’est pas attaché à la structure. Par conséquent, il ne soutient pas le bâtiment et il n’est pas soutenu par ce dernier. Il se supporte donc lui même et grâce à ces longues bandes qui le traversent de bas en haut.

Ces longues bandes sont, pour une bonne partie du grand hall, faites de cinq plaques de verre, pour permettre au mur de façade d’être complètement transparent. La lumière entre donc par chaque recoin. Rien ne la bloque. On a presque l’impression d’être dehors. Dans un bâtiment transparent. Invisible.

En plein cœur de la ville. 

Car, oui, cette transparence donne cette sensation de se trouver sur Grande Allée, sur le trottoir avec les passants. Ou bien si près des arbres. Une ouverture sur l’environnement urbain.

 Ici, on ne s’enferme pas dans un musée. 

On entre sur Plaines. On est en ville. Entourés d’art. 

Cette transparence, elle se vit aussi de l’intérieur.  Je m’explique.

Au centre du grand hall, on ne peut le manquer, se trouve l’escalier monumental. Monumental dans le sens d’imposant, mais aussi dans le sens de monument. Comme une sculpture au centre d’un jardin. Un tel objet pourrait bloquer la lumière, la vue. Mais pas toujours et surtout pas dans le pavillon Pierre Lassonde. 

Même si sa base est solide et opaque (mais blanche!), toutes les parties supérieures de cet escalier, elles, sont en verre — et transparentes. Ainsi, lorsqu’on la regarde, on voit les gens y circuler, elle ne bloque pas l’entrée du soleil et, surtout, elle accentue cette sensation d’immensité et d’ouverture. Et, tout le long de votre montée du niveau 0 au niveau 2, vous pouvez voir les visiteurs, le hall, les étages, la lumière…  De l’intérieur. 

On pourrait penser que sur les étages c’est différent, mais au contraire, chaque espace de rassemblement est haut, éclairé. Le verre tout autour permet à la lumière du jour de nourrir cet environnement tout blanc, mais chaleureux. Même les salles d’exposition (sauf celle du niveau 1) laissent entrer la lumière du jour. Chose assez rare pour un musée d’art. 

La lumière est partout. Et le choix du blanc pour les murs, les poutres est loin d’être anodin dans ces circonstances. Il reflète la lumière, accentue cette sensation d’immensité et de clarté. De pureté. Comme si l’édifice voulait se faire oublier. Être invisible. Face à l’art qu’il abrite. À l’environnement qui l’entoure. 

C’est sans aucun doute pourquoi, lorsqu’on se promène dans le pavillon, on a toujours cette sensation d’être quelque part et partout. Entouré du parc, de l’art, de gens. On voit toujours ce qui se passe. 

Même le mur de l’auditorium qui donne sur le pavillon au niveau 0 est en verre. Ça permet aux gens assis à l’intérieur de sentir la lumière, de voir ce qui se passe de l’autre côté. Et aux visiteurs à l’extérieur de regarder à l’intérieur de l’auditorium.

Transparence, j’ai dit. 

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    Le mur rideau laisse entrer la lumière du jour dans le grand hall. Complètement transparent, il donne  l’impression de se trouver dans un bâtiment invisible, en plein cœur de la ville.

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    La lumière entre par tout les côtés du grand hall. On y sent la présence de la ville, certes, mais aussi celle des Plaines. Des arbres qui nous entourent. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Ici, on voit bien les grandes bandes de verre qui soutiennent le mur rideau. Comme elles sont transparentes, elles ne bloquent pas la vue que nous avons sur l’arbre. Il y a même des jeux de lumière et de reflets qui créent l’illusion d’une œuvre d’art moderne. Peut-être cubiste. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Un plus gros plan sur les bandes permet de bien voir les 5 couches de verre qui les forment afin qu'elles soient résistantes et assez fortes pour soutenir le mur rideau. 

    Photo : Étienne Cossette

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    Même la lumière de fin de journée a son mot à dire. Imaginez maintenant chaque saison. L'hiver surtout, alors que les arbres, le parc, la ville sont vêtus de blanc. La transparence sera tout autre, je crois. À voir. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Encore, c'est la dernière de cette série, promis. Mais sur celle-ci, on peut bien voir les jeux de lumière et de flou que peut créer le verre. C'est beau! 

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     La continuité du grand hall. Tout blanc, il respire la lumière, la chaleur. Grand espace, les gens peuvent y circuler, s'y asseoir. Profiter du lieu. On peut aussi bien voir deux différents types de verre, un complètement transparent et l'autre plus opaque.  Et bien sûr, l'escalier monumental, où on voit bien les gens monter et descendre. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Même dans l’escalier on est entourés par l’extérieur. Le ciel, les nuages, les arbres. La lumière. Et on a toujours une vue sur le pavillon. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Et, même en haut de l’escalier, on peut voir les autres étages et toujours les visiteurs qui y circulent. On est au centre de l’activité. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

     

     

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    Un jeu de reflet dans le verre de la rampe où on peut voir quelqu’un monter l’escalier et en même temps les gens assis sur les bancs situés au niveau 0. C’est aussi ça, la transparence.

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Même sur les étages, la lumière du jour est omniprésente. Selon l’heure de la journée, ses effets varient. L’ambiance aussi. Ici, le jour tombe. Le soleil est bas et on peut le voir rayonner. Et envahir l’espace créer par l’escalier suspendu.  

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    L’escalier suspendu — dont je parlerai plus loin — est un écrin transparent où d’un côté vous avez l’entrée des Plaines avec ses arbres sa verdure. De l’autre, le niveau 2 du pavillon — et le niveau 3 arrivé en haut. Et bien sûr le ciel au-dessus. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Partout dans le pavillon, même sur les étages, la lumière du jour emplit l’espace. Sur cette photo, le niveau 3. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Le plafond du grand hall permet la projection d'images et de lumière. La transparence des murs répond par des reflets qui ajoutent à l'ambiance. Aux jeux de lumière. Imaginez les possibilités maintenant.

    Photo : Stéphane Bourgeois

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Embrasser son environnement, l’art et le patrimoine

Installer un bâtiment moderne, fait de verre, à l’entrée d’un parc de plus de 100 ans et à proximité d’une église de style néogothique anglais et de son presbytère est audacieux. Et un défi en soit. 

Plusieurs peuvent décrier l’acte. Mais, je pense qu’on peut mieux comprendre la beauté, l’originalité et le respect du geste qui a été posé sur nos bien-aimées Plaines à l’intérieur même du pavillon. 

Après toute cette transparence et l’escalier, c’est le haut et imposant mur de béton à gauche de l’entrée qui attire l’œil dans le grand hall. Entrée vers le vestiaire, cette structure fait le lien avec le presbytère qui est perpendiculaire au pavillon. Il fait le lien par sa forme qui rappelle celle du bâtiment religieux et son matériau et son allure qui sont beaucoup plus modernes. Et donc plus près du style du pavillon. 

Ce qui est extraordinaire dans ce choix architectural, c’est de rendre hommage au patrimoine bâti qui prend place sur les lieux sans dénaturer l’essence même du nouveau pavillon. Sans essayer d’imiter du vieux avec du neuf ce qui est souvent maladroit et peu convaincant. 

Un peu plus loin du mur, toujours à gauche, se trouve l’accès à la cour intérieure. 

Elle est entourée du côté ouest par le mur donnant sur le grand hall, au sud on voit l’intérieur de la librairie-boutique. À l’est, l’église Saint-Dominique borde la cour et, au nord, se trouve le presbytère. 

Cette petite alcôve est encore un moment où l’on sent l’intégration de l’environnement au nouveau lieu. On y a un pied dans le futur et l’autre dans le passé. La cour d’un monastère rencontre celle d’un musée.

Un espace qui donne l’envie de s’asseoir et de rester là des heures à écouter le brouhaha de la vie urbaine et d’admirer l’œuvre d’art public Une cosmologie sans genèse de Ludovic Boney dont la rondeur se trouve ici et là en rappel dans la librairie-boutique, le mobilier, au sol. 

Ajoutez les sons du carillon et des cloches de l’église à celui d’une musique jazz (ce que je vis au moment que j’écris cette ligne) et, en un instant, vous avez l’impression de prendre votre café quelque part en Europe. 

Embrasser sa ville. Son patrimoine. Voilà ce que c’est. 

Et n’oublions pas le parc. Ces plaines chéries, que nous aimons tant. Tout le bâtiment leur rend hommage. Porte d’entrée vers ce lieu de verdure, le pavillon Pierre Lassonde, on le sent, est complètement entouré d’arbres, de vert.

Un musée dans le parc.

Bon oui, je suis d’accord, il y était déjà dans le parc. Mais je crois que c’est la première fois qu’on le ressent vraiment. Qu’on a cette conscience que notre musée national respire l’air des Plaines. Et, ce, à l’intérieur même du Musée, non pas sur une terrasse (!). Y a de quoi s’emballer. Je vous le dis. 

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    L'imposant mur de béton du grand hall rappelle la structure du presbytère qui se trouve juste derrière. Ce mur, c'est l'intégration, la mémoire, du patrimoine du bâti de notre ville à l'intérieur de notre nouveau pavillon si contemporain. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Autre point de vue sur le mur de béton. On y voit bien l'accès au vestiaire (on y trouve aussi des toilettes). 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    La cour intérieure. Bordée par le presbytère et l’église Saint-Dominique, elle constitue une intégration, selon moi, parfaite du nouveau pavillon d’allure contemporaine et moderne au patrimoine bâti déjà sur place. L’ambiance qui y règne est entre le futur, le présent et le passé. On peut aussi y admirer l’œuvre de Ludovic Boney Une cosmologie sans genèse.

    Photo : Stéphane Bourgeois

     

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    La cour intérieure sous un autre angle. 

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    La présence du parc tout autour du Musée se fait sentir même à l’intérieur. Ici, on peut même avoir de la difficulté à dire si la photo est prise de l’intérieur ou de l’extérieur. Qu’en pensez-vous?

    Photo : Stéphane Bourgeois

     

     

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    Même au troisième, on se sent entourés par les Plaines. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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Une promenade au rythme de l’art, du parc, de la ville

Oui, la cour intérieure montre bien cette cohabitation de l’histoire et de l’actuel. Et la présence du parc se fait bien sentir dans le grand hall. Mais ça transpire aussi dans tout le musée. 

Ici et là, des moments, des événements architecturaux qui soulignent la nature, mettent en valeur la ville, ouvrent le Musée vers le parc. Un peu comme une promenade par un jour ensoleillé en ville, où on découvre au fil de nos pas des coins verts, de l’art, des édifices, des cafés. 

Le grand hall 

La promenade débute dans le grand hall que j’ai bien décrit un peu plus haut — je ne recommencerai donc pas —,  mais, déjà, vous êtes dans un lieu où vous êtes en harmonie avec la ville et le parc : vous les voyez partout comme si vous en étiez le cœur. 

Au fond du grand hall les portes pour accéder aux salles pensées pour les expositions temporaires. Au nombre de deux, elles peuvent, grâce à un mur rétractable,  former une seule et grande salle selon les besoins. Ces salles sont le seul endroit, dans presque tout le pavillon, non exposé à la lumière du jour — ce qui est normal à un certain point pour protéger certaines œuvres de la lumière. 

À gauche, juste après l’accès de la cour intérieure, se trouve la libraire-boutique. À l’intérieur de cet espace complètement ouvert vers le grand hall, la lumière du jour pénètre par le mur de verre, transparent, qui donne sur la cour. Aucun mur ne vient bloquer cette ouverture vers l’extérieur. Même en haut, sur la mezzanine qui parcourt son mur sud, nos yeux peuvent toujours se poser dehors, sur le presbytère et l’église. Une vitrine sur notre patrimoine. Notre ville. 

Lorsqu’on prend l’escalier monumental pour monter au deuxième, tout au long de notre ascension la rampe de verre qui donne vers l’intérieur nous permet de toujours voir, le grand hall et sa lumière. 

Un belvédère d’escalier

Entre deux jonctions de l’escalier, juste avant d’atteindre le deuxième, il y a un petit palier qui permet de se poser. Une fenêtre encastrée dans le mur qui donne vers la salle d’exposition du rez-de-chaussée permet de jeter un coup d’œil à l’expo en cours. 

Des sofas disposés dans le coin nous invitent à nous asseoir. 

On peut y observer l’espace et ses visiteurs — d’ailleurs ce petit air de repos s’appelle Observatoire CIBC. On y voit bien les gens qui montent et descendent entre les niveaux 1 et 2, ceux qui s’engagent dans l’escalier suspendu. Un bel endroit pour prendre le pouls de l’endroit. 

Au cœur même de toute la circulation. 

Et ce, toujours dans la lumière du jour. C’est un peu comme un belvédère sur une route panoramique. 

Des fenêtres ouvertes 

Cet arrêt dans l’escalier, c’est aussi un super bon point de vue sur cet univers vitré. 

Les murs vitrés sont partout dans le pavillon. Ils se déclinent en différentes déclinaisons de verre (opaque, translucide ou transparent) — souvent pour protéger de la lumière directe du soleil et de la chaleur qu’elle crée. Cette utilisation réfléchie permet, ici et là, de poser des gestes architecturaux et de provoquer des événements. D’imposer des vues sur des éléments précis. 

De raconter une histoire. 

Tout au long de votre visite, vous remarquerez des coins cachés plus lumineux qu’un autre. Dirigez-vous vers lui. Vous y trouverez sûrement une vue magnifique et significative. Une fenêtre ouverte sur l’environnement urbain, le pavillon, le parc… 

Par exemple.

Au niveau 2, vous arrivez, par l’escalier monumental, dans un espace ouvert qui permet à la foule de circuler ou de se poser devant la grande salle d’exposition dédiée à l’art contemporain. Comme le deuxième étage est plus court que le premier, son mur vitré sur sa façade nord donne sur l’entrée. 

Un rectangle de verre transparent nous interpelle : il nous offre une vue sur le grand hall, le restaurant Tempéra Québécor et l’extérieur. Une vue sur la ville et le pavillon. Une incursion dans la vie du pavillon, de la Grande Allée. À cet endroit, la transparence de l’endroit est évidente. Bien ressentie. 

Au 3e, on retrouve aussi une telle fenêtre, elle donne sur la Grande Allée. Un vue à vol d’oiseau sur les toits des demeures, sur la rue, les passants. Une manière de dire : ce musée est en ville et respire à son rythme. Il vit parmi les gens, les habitations. 

Dans la salle d’exposition sur l’art inuit, il y a aussi cette vue changeante, selon où vous vous trouvez dans la pièce, sur l’arbre, le presbytère, l’église… 

Et n’oublions pas cette partie au sud de la salle d’exposition du 2e étage dont le mur vitré donne sur un jardin sur le toit et ses sculptures. Comme une deuxième salle, de l’autre côté du miroir…

Je l’ai dit, et le répète, c’est une promenade en ville, dans le parc, au Musée.

Des jardins et des toits

Jardins sur le toit. Quelle bonne idée pour récupérer des espaces « perdus » sur un édifice bâti en porte-à-faux. 

Porte-à-quoi? Porte-à-faux. 

Un autre terme d’architecture/construction que je vais tenter de vous expliquer du mieux que je peux et, (j’espère!) de façon compréhensible… Ça désigne un (ou des) élément d’un bâtiment qui ne repose pas directement (ou entièrement) sur un point d’appui — par exemple l’étage de dessous — et qui est en équilibre dans le vide. 

Par exemple, le troisième étage du pavillon Pierre Lassonde ne s’assied pas complètement sur le deuxième, repose un peu sur le mur rideau (eh oui!) et flotte en partie dans le vide, au-dessus de la place devant l’entrée principale. Cette façon de construire laisse des parties du toit du deuxième et du premier libres et pleines de potentiel. 

Au lieu de les laisser être de simples toits, l’architecte a réfléchi et décidé d’intégrer complètement ces espaces à l’environnement, au bâtiment. Il en fait des jardins. On ne peut pas y accéder physiquement — ce ne sont pas des jardins où se promener, mais à observer. 

Par exemple celui mentionné plus haut sur le toit du premier étage et qu’on peut voir de la salle d’art contemporain. Et celui sur le toit du deuxième, visible de la terrasse et de la salle d’exposition sur le design. 

Il paraît — j’ai entendu — que les formes des jardins représentent celles des Plaines. Mais je n’ai pas vérifié...

Un escalier belvédère

On a parlé de l’escalier monumental. Imposant, au cœur du bâtiment entre le grand hall et le deuxième étage. Mais il s’arrête là. Pour monter du deuxième au troisième, il y a l’escalier suspendu.

Suspendu, parce que, accroché sur le côté du pavillon, il flotte dans le vide. Complètement en verre (sauf les marches), il offre une vue, d’un côté, sur l’entrée des Plaines d’Abraham et de l’autre sur l’intérieur du pavillon. Un escalier ou la lumière du jour — nuit, crépuscule, aurore —  vous entoure, habite les lieux et vous donne l’impression de vous trouver dans un belvédère du parc.

Une terrasse enveloppée de l’environnement

Et, il y a bien sûr la terrasse Fondation Monique et Robert Parizeau. Située au troisième, elle est le meilleur point de vue sur tout l’environnement qui entoure le musée. 

Elle offre, au sud, une vue imprenable sur les Plaines, mais aussi sur tout le complexe muséal : le pavillon Charles-Baillairgé, le pavillon central et le pavillon Gérard-Morisset. À l’est, la ville et surtout le clocher de l’église tandis qu’à l’ouest, l’entrée des plaines et la ville habitent l’espace. Au nord, le pavillon Pierre Lassonde (bien sûr) et la cohue de la ville qui se fait sentir derrière. Sans oublier bien sûr la vue sur un des jardins sur toit. 

Un bel arrêt, dans cette promenade pour bien prendre conscience du lieu. 

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    Sur cette photo, derrière le mur de béton du grand hall, on peut apercevoir un bout du clocher de l’église Saint-Dominique. Un petit événement architectural offert par les murs vitrés. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

     

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    De l’escalier monumental, on a une belle vue sur le grand hall, l’accès à la cour intérieure et la librairie-boutique. On remarque aussi les différentes formes de l’endroit. Le triangle formé par les poutres autour de la porte de la cour intérieure qui rappelle le mur de béton juste à sa gauche. La rondeur de la librairie-boutique qui répond à l’escalier où on se trouve. Le mur blanc carré qui lui est un peu le miroir du mur de béton et celui de l’ascenseur — le doré qu’on voit à peine complètement à gauche de la photo.    

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    L’escalier monumental avec sa rampe de verre transparent. L’homme sur la photo se trouve exactement sur la petite aire de repos situé entre les deux sections de l’escalier entre le premier et le deuxième. En plein cœur du pavillon. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Une belle vue sur l’observatoire CIBC. On y voit bien dans le coin inférieur droit, la fenêtre donnant sur la salle d’exposition. En haut à gauche et sur le plafond deux fenêtres/puits de lumière laissent entrer le soleil dans cet espace un peu moins vitré. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Tout le long de notre promenade dans le pavillon, on peut vivre des petits moments architecturaux qui nous rappellent le milieu où l’on se trouve. Par exemple, au niveau 2, une fenêtre qui donne directement sur le grand hall et son mur rideau (et le restaurant Tempéra Québécor).  

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    La même chose au troisième, mais cette fois avec une vue plongeante sur la Grande Allée. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Le pavillon de nuit, éclairé. On voit bien l'effet de la construction en porte-à-faux. Remarquez aussi les poutres visibles en ombres chinoises ainsi que l'escalier suspendu. 

    Photo : Stéphane Bourgeois. 

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    D'un peu plus près, on voit bien le troisième étage, en porte-à-faux, qui flotte, en partie, dans le vide. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

     

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    Les fleurs d'un des jardins sur toit. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

     

     

     

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    L'escalier suspendu qui offre, comme un belvédère d'observation, une superbe vue sur l'entrée des plaines d'Abraham et sur la ville. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    L'éclairage y change au gré du jour, des saisons, de la météo. Le mieux c'est de venir souvent.

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Une dernière de l'escalier suspendu (promis!), cette fois vide. On ressent bien sa transparence. La lumière. Le ciel. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    La terrasse Fondation Monique et Robert Parizeau. On regarde nord-est, nord, nord-ouest. On voit bien la ville, l’entrée du parc, l’accès au pavillon et bien sûr un petit bout du clocher de l’église Saint-Dominique. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Une photo panoramique de la vue qu'on a de la terrasse en regardant au sud, et à l'ouest. On distingue bien le complexe muséal, les Plaines et bien sûr un peu de la ville. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Aussi de la terrasse, un regard vers le nord-ouest. On voit bien le soleil descendre vers l'ouest pour aller se coucher.  

    Photo : Stéphane Bourgeois

     

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    À l’intérieur, des sièges sont posés ici et là pour permettre aux visiteurs (ou promeneurs) de se reposer un peu. De prendre le temps d’observer. Ici, ceux situés au niveau 0 devant l’auditorium et photographiés du haut de l'escalier monumental.

    Photo : Stéphane Bourgeois

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Structure, formes, matières et mémoires

Porte-à-faux, mur rideau… On se demande comment un tel édifice qui semble en équilibre dans le vide peut tenir. Mais ne vous inquiétez pas, c’est prévu — quand même!

Regardez bien surtout vers les murs nord, est et ouest —  souvent plus vers l’arrière du bâtiment. Vous y verrez des poutres d’acier qui forment la structure et soutiennent ce bel édifice. Massives, mais à la fois minimalistes (et blanches), elles ne viennent pas troubler cet univers de transparence. Au contraire, elles s’y marient de façon naturelle. 

Minimaliste, qu’on dit. 

Leur assemblage, leurs formes créent des figures géométriques. Plutôt, triangulaires. Ces formes, on les retrouve aussi sur les murs vitrés : des poutres placées dans certaines fenêtres, entre autres dans celles de la façade avant (nord) du 3e niveau en combinaison avec le verre dessinent les mêmes motifs. 

Et si on regarde bien, plein d’autres formes habitent le pavillon.

Les rondeurs de la librairie-boutique qui rappellent l’œuvre Une Cosmologie sans genèse dans la cour intérieure et répondent aux courbes de l’escalier monumental ou celles du couloir qui mène vers le pavillon central.

Les bancs carrés placés au niveau 0 vu du haut de l’escalier. Des ouvertures rectangulaires ou carrées ici et là. Les alternances de différents types de verre (opaque, translucide, transparent). 

Ces simples formes, minimalistes, sont des rappels.

Un hommage. À l’histoire. À l’art contemporain. À la modernité. L’architecture. 

Des évocations de l’art moderne, de l’art abstrait, du design. Je dirais même du Bauhaus — dont on sent l’influence un peu partout dans le pavillon. Mais attention, je ne dis pas que le bâtiment est Bauhaus. Très loin de là. C’est seulement une trace. Comme un souvenir. Le Bauhaus m’a juste frappée. On peut y voir plusieurs autres courants, mouvements.

C’est justement l’idée, je crois. Une réflexion sur la modernité, l’art, l’architecture. Sur l’histoire aussi, l’environnement. Ressentir les apports de l’art, de son histoire, de ses créateurs, de ses pensées sur l’art d’aujourd’hui. L’architecture de maintenant. Et de demain. 

Des mémoires. Et l’ouverture vers l’avenir. 

On le ressent dans la structure et les formes, mais aussi dans le choix des matières. Béton, acier, verre, bois. Brutes. Les matières de base de l’architecture, de l’art. Par lesquelles tout a commencé.

Minimalisme. Brutalisme aussi. Et je n’ai pas tout dit, tout remarqué. Je crois que ça peut prendre plusieurs visites. Puis, chaque fois on peut voir quelque chose de différent. 

Et, plus on ira dans ce lieu, plus notre cœur et notre tête feront des liens, avec l’art, mais avec la vie en générale. Le mieux, c’est toujours de nous faire notre propre idée. D’écouter ce qu’on ressent.  

Car, c’est ça qu’il y a de bien avec l’art, on a chacun nos impressions. Nos interprétations. Elles découlent de nos souvenirs, nos émotions, notre expérience, nos connaissances  —  quelques soient. 

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    Dans l'escalier monumental. On peut très bien voir ses courbes et les formes créées par les poutres dans les fenêtres. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Les courbes de l'escalier monumental et les figures géométriques formées par les poutres. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    L'escalier et ses courbes vus du niveau 0.

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Du haut de l'escalier, on voit bien les motifs et rondeurs qu'il forme. On remarque aussi les sièges carrés du sous-sol qui complètent ce tableau moderne.

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Les mêmes motifs en vue un peu plus rapprochée. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Un détail de la rampe intérieure de l'escalier. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    La librairie-boutique est une pièce tout en rondeurs et répond à l'escalier situé juste en face. Ici, on voit la bibliothèque formée par la mezzanine. C'est aussi l'une des seules pièces ou le bois — et sa couleur chaleureuse — domine. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Le couloir tout en courbes qui mène vers le pavillon central. L'espace sur les murs est utilisé pour inscrire le nom des donateurs à la fondation du Musée. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Le même couloir photographié de l'autre sens. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Le couloir vide. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Une vue sur les poutres qui forment des figures géométriques et sur les courbes de l'escalier qui les entourent. La modernité appliquée. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Une autre vue sur l'escalier. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

     

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    Des courbes et encore des courbes. 

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    La petite fenêtre carrée située sur le mur de l'observatoire CIBC. Un petit détail, dont l'architecture du pavillon est remplie.

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    Les rondeurs de l'escalier photographiées en plan très serré. On voit bien les croisements et les motifs qu'elles peuvent former.

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Le mur de béton du grand hall est forme, matière, structure et mémoire — comme tout le bâtiment, d’ailleurs. Mais, il en est un exemple très concret et solide (!). Triangle, rectangle, béton, évocation du patrimoine... Tout y est.

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    L'espace situé du côté sud du niveau 3 est aussi tout en verre et poutres. Au fond la boîte dorée, c'est l'ascenseur, la seule structure complètement verticale (ou presque?) du pavillon. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    De l'extérieur, surtout quand le pavillon est éclairé la nuit, on remarque très bien, en ombres chinoises, les motifs dessinés par les carreaux de verre et les poutres. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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Et l’extérieur?

J’ai beaucoup parlé de l’intérieur de cet écrin de verre. Mais qu’en est-il de l’extérieur? Et bien, c’est tout aussi beau. 

Ce qui, selon moi, est particulier, c’est la transparence vue de l’extérieur. Ça devient un genre d’invisibilité. Le verre reflète sans cesse tout ce qui se trouve autour, les arbres, les édifices. Le pavillon disparaît presque de l’environnement. S’intègre parfaitement. 

Un miroir de la ville, du parc. 

Et en même temps, on peut voir l’intérieur, les poutres, les visiteurs… 

Juste à côté, le presbytère et l’église sont comme un prolongement du pavillon, même si c’est évident qu’ils ne datent pas de la même époque. 

Il ne faut pas hésiter à faire le tour pour regarder l’escalier suspendu dans les airs où l’on voit les gens circuler. La terrasse remplie de visiteurs. De vie. 

De l’extérieur, on voit, comme en dedans, que le Musée est vivant. Ouvert. Un lieu de rassemblement, d’art. De beauté. 

Maintenant, venez vous faire votre propre idée. Faites la visite. Vous êtes déjà venu? Pas grave, on voit quelque chose de différent chaque fois. Et, dites-moi si vous avez les mêmes impressions que moi.

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    De l'extérieur, on voit très bien la construction en porte-à-faux. On sent aussi l'intégration de l'édifice à son milieu : en verre et transparent il reflète la vie extérieure et montre celle intérieure. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Le pavillon Pierre Lassonde est si bien intégré à son environnement qu'on dirait presque que le presbytère est son prolongement.

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Même la nuit, la transparence du bâtiment se fait sentir.

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    La terrasse est toute aussi agréable vue du parc. Elle montre bien la vie qui habite le Musée. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    C'est à l'extérieur qu'on se rend bien compte que l'escalier suspendu est réellement suspendu dans le vide. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    L'escalier suspendu vu d'en-dessous (!). 

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Une dernière de l'escalier suspendu, cette fois d'un peu plus près.

    Photo : Stéphane Bourgeois

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    Même à l'extérieur, on peut trouver plein de petits détails étonnants. 

    Photo : Stéphane Bourgeois

     

     

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Parce que c'est toujours bien d'en savoir plus

Vous voulez en savoir plus sur l'architecte du projet Shohei Shigematsu et la firme d'architectes d'ici qui l'a épaulé? Consultez les pages suivantes :

Vous voulez mieux comprendre les courants et termes d'architecture énoncés dans cet article? Le mieux, pour commencer, c'est d'aller lire les pages qui suivent pour la base et peut-être d'aller plus loin ensuite (?) :

 

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