Art public MNBAQ: Claude Tousignant, "Palimpseste sur la pierre tombale de Mies van der Rohe"

Petite histoire (de l'art) par MNBAQ
6 juillet 2017

Cet été, découvrez le Parcours d'art public TD au MNBAQ. Appréciez quelque 25 œuvres sculptures et installations monumentales ornant les espaces extérieurs entourant les quatre pavillons du complexe muséal, dont l’œuvre de Claude Tousignant, Palimpseste sur la pierre tombale de Mies van der Rohe, 1987.

À première vue, la présence de ce simple carré de granit posé sur le sol peut surprendre. Cette œuvre de Claude Tousignant est toutefois plus complexe qu’elle n’en a l’air.

Comme son titre l’indique, il s’agit d’un hommage à l’architecte de renommée internationale Ludwig Mies van der Rohe, célèbre pour ses constructions au style dépouillé. Mies van der Rohe est, par exemple, l’architecte derrière le Westmount Square, à Montréal, que vous pouvez voir sur votre écran. Sa formule emblématique, Less is more, résume ses préceptes valorisant l’ordre, l’espace et les proportions, et a fait école chez les générations suivantes d’architectes. Elle semble également avoir guidé Tousignant au moment de réaliser cet hommage.

Le mot palimpseste utilisé dans le titre est intrigant. Au sens premier, un palimpseste est un parchemin dont on a effacé le texte original pour y inscrire un nouveau texte. On peut donc comprendre, par extension, que l’artiste propose ici d’effacer l’épitaphe de l’architecte pour laisser s’exprimer la neutralité du matériau. La devise Less is more est ainsi appliquée à la lettre, pour offrir une nouvelle pierre tombale à la mémoire du grand architecte.

L’œuvre Palimpseste sur la pierre tombale de Mies van der Rohe a été réalisée en 1987, dans le cadre d’une exposition intitulée Elementa Naturae, au Musée d’art contemporain de Montréal. Initialement, la plaque de granit, déposée simplement sur le sol, était conçue pour s’harmoniser parfaitement avec l’horizontalité du paysage. Lorsque le MNBAQ en a fait l’acquisition, il s’est engagé à respecter l’essentiel de la mise en scène d’origine. C’est pourquoi l’œuvre est maintenant installée sur une partie plate de terrain, de manière à ce qu’elle s’intègre au paysage en se plaçant dans le même angle que le sol environnant.

Claude Tousignant

Claude Tousignant est l’un des principaux représentants, avec Guido Molinari, du second groupe des plasticiens à Montréal. Il engage dès le début de sa carrière une réflexion sur le tableau, qu’il veut soustraire à toute intention symbolique. Il souhaite affirmer ses œuvres en tant qu’objets physiques autonomes clairement reconnaissables dans l’espace, sans plus de signification. Il cherche ainsi à réaliser une peinture vidée de toute chose lui étant étrangère, qui ne devient que sensation. 

Dans ses premières sculptures réalisées à la fin des années 1950, dont un exemple apparaît sur votre écran, Tousignant poursuit la recherche qu’il avait commencée en peinture. Il recrée en sculpture la même dynamique entre le fond et la forme que dans ses toiles, mais en la plaçant dans un espace concret.

Durant la seconde moitié des années 1960, Tousignant explore en peinture les espaces dynamiques et les mutations chromatiques dans de grandes œuvres circulaires. Il entreprend ensuite un travail plus pointu sur la notion de sculpture, autour de l’idée de « vivre avec et pour l’espace ». Après quelques essais avec des formes en arches et en demi-cercles, qu’il abandonne assez rapidement parce qu’il les juge trop expressives, il renoue avec la forme à angle droit, par nature seulement plastique. Palimpseste sur la pierre tombale de Mies van der Rohe appartient à cette démarche.

Les œuvres de Claude Tousignant dans la collection du MNBAQ.

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