Art public MNBAQ: Patrick Coutu, "Le Jardin du sculpteur"

Petite histoire (de l'art) par MNBAQ
6 juillet 2017

Cet été, découvrez le Parcours d'art public TD au MNBAQ. Appréciez quelque 25 œuvres sculptures et installations monumentales ornant les espaces extérieurs entourant les quatre pavillons du complexe muséal, dont l’œuvre de Patrick Coutu, Le Jardin du sculpteur, 2016.

L’œuvre monumentale Le Jardin du sculpteur, de l’artiste Patrick Coutu, a été acquise par le MNBAQ grâce à la contribution financière exceptionnelle de la Fondation Monique et Robert Parizeau ainsi qu’à l’apport de la Fondation du Musée national des beaux-arts du Québec. Cette œuvre qui dialogue avec l’environnement du Musée et son parc, mais aussi avec l’église Saint-Dominique, se présente comme une multitude de sculptures organisées à la manière d’un jardin foisonnant.

Le Jardin du sculpteur souligne l’idée première des architectes du pavillon Pierre Lassonde : celle de « soulever » le parc des Champs-de-Bataille pour y insérer l’art entre la ville et l’espace vert. Ainsi, ses formes verticales, composées de cubes organisés de manière plus ou moins dense, peuvent être lues de plusieurs façons. Il est possible d’y voir des bosquets, des éléments architecturaux, un paysage sous-marin rappelant le fleuve en contrebas des Plaines, ou encore une sculpture actuelle. Le Jardin du sculpteur renvoie à toutes ces couches de sens, faisant écho du même coup à l’architecture stratifiée du Musée.

Les formes de chacun des éléments du Jardin proviennent d’équations mathématiques qui modélisent les processus naturels et engendrent une multitude de figures complexes. Le Jardin est donc issu d’un travail de nature artistique, mais aussi scientifique. Il est mis en forme grâce à la technique classique et traditionnelle du bronze, que l’artiste renouvelle toutefois par un langage contemporain. De plus, parce que l’œuvre est installée à l’extérieur, à la merci des éléments, elle se transformera avec le temps. Les patines évolueront, et la succession des saisons en modifiera continuellement la perception, l’inscrivant constamment dans un décor renouvelé. Le Jardin du sculpteur s’avère donc une œuvre à la fois organique, évolutive et bien de son temps.

Patrick Coutu

Dans sa pratique sculpturale, photographique et de dessin, Patrick Coutu s’est longtemps attardé à des questions relatives à l’architecture et à l’environnement bâti. Plus récemment, il s’est intéressé aux structures et aux mathématiques secrètes qui agissent dans la nature. Les formes autour desquelles son travail se déploie dérivent de l’environnement naturel. En sculpture, l’artiste allie des réflexions mathématiques à des techniques traditionnelles de fonderie. Ses œuvres, bien qu’abstraites, proviennent ainsi d’une observation de la nature passée au crible de calculs précis. Cette dimension de son travail en fait une production unique dans le domaine de la sculpture.

Lauréat du prix Pierre-Ayot décerné par la Ville de Montréal et l’Association des galeries d’art contemporain en 2007, Patrick Coutu a participé à bon nombre d’expositions individuelles et collectives prestigieuses au Québec et au Canada. Ses œuvres se retrouvent autant dans les collections des institutions muséales québécoises et canadiennes que dans plusieurs collections privées au Canada, aux États-Unis, en France et en Grande-Bretagne.

La technique

Tous les éléments sculpturaux composant Le Jardin du sculpteur sont constitués de bronze. Ils sont élaborés à partir d’unités cubiques mesurant chacune 9,5 millimètres (⅜ de pouce). Fabriquer l’œuvre nécessite plusieurs étapes.

Tout d’abord, les cubes sont taillés avec précision dans une feuille d’uréthane haute densité, à l’aide d’une table à découpe numérique. Les éléments de la sculpture sont ensuite entièrement fabriqués avec ce matériau, en atelier.

Une fois les éléments séparés en morceaux d’un maximum de 76 centimètres (30 pouces) de longueur, ils sont transportés à la fonderie, où l’on y fixe les chemins de coulée et de ventilation nécessaires à la fabrication d’une coquille de céramique. Les formes d’uréthane et de cire sont alors successivement trempées dans la silice colloïdale et le sable de silice durant plusieurs jours afin de constituer le moule de céramique réfractaire.

Une fois le moule cuit et la cire et l’uréthane fondus, le métal en fusion est coulé dans le moule. Lorsque le métal est refroidi, on procède au décrochage, qui consiste à casser et à enlever la céramique autour du métal. Celui-ci est ensuite nettoyé au jet de sable. Les chemins de coulée et de ventilation, remplis de métal, sont retirés. Un travail de finition de la pièce suit.

À l’avant-dernière étape, on assemble les morceaux par soudure. Après une finition de ces soudures, on soude les ancrages d’acier inoxydable à même la sculpture. Ces ancrages viennent se joindre à une grille d’acier inoxydable au moyen de boulons. Les boulons permettent un ajustement parfait de la verticalité des sculptures.

La dernière étape consiste à réaliser les patines sur les différents éléments. Cette finition résulte d’une réaction du métal à l’application de produits chimiques. Il ne s’agit pas de peinture. Finalement, une cire liquide vient sceller les pièces pour les protéger des intempéries.

Au total, les éléments de la sculpture pèsent 725 kilogrammes (1 600 livres). La grille sur laquelle les éléments sont fixés pèse quant à elle 567 kilogrammes (1 250 livres).

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