Nouvelles par Isabelle Picard, ethnologue spécialiste des Premières Nations
30 novembre 2018

L’art, c’est un moyen de communiquer un sentiment, une histoire, un état. Un moyen de s’adresser non pas à la tête mais bien de toucher l’âme, le cœur d’une personne. Il ne s’intéresse pas à la logique mais bien aux émotions et dans le monde actuel où tout semble aseptisé, l’art nous offre encore une porte de sortie.

Je ne m’étais jamais vraiment arrêtée à essayer de mesurer l’importance de l’art dans ma vie. À vraie dire, l’art en a toujours fait partie au même titre que le sport, les voyages ou un autre hobby. Mais si j’y réfléchis bien, l’art se veut bien davantage puisqu’il se veut le prolongement, voire l’expression de ma créativité. Je ne suis sans doute pas la seule. À certains moments dans ma vie même, l’art et la pratique de certains arts ont été tout à fait salvateurs.

Mon plus vieux souvenir de la pratique de l’art se veut, un peu comme tout le monde j’imagine, quand j’essayais de faire un beau dessin à la maternelle pour mes parents. Oui, il y avait de ça. Un dessin que je voulais le plus esthétique possible, la valeur de cet art reposant à cette époque uniquement sur ce critère.

Puis, à cette même période, dans cette même école de ma communauté qu’on appelait encore le Village-Huron, on m’apprit comment poser des perles sur du cuir, les choisir, les agencer, les faire parler. Parce qu’une fleur toute noire ne veut pas dire la même chose qu’une autre aux multiples couleurs. Il me semble que c’est à ce moment que j’ai compris que l’art pouvait transmettre une émotion.

Puis, j’ai connu la danse. Une danse mécanique dans un premier temps, un passe-temps qui combinait sport et art, une série répétitive de mouvements sur une musique de Madonna ou de Michael Jackson, activité parfaite pour la petite fille que j’étais. Pourtant, après un an, j’ai quitté. Je me suis mise à danser chez moi, seule dans mon salon. Juste la musique et moi. Mes parents en ont vu des entrechats, des pas de bourré et des pirouettes pas toujours à point. Je ne réalisais pas à ce moment mais la danse était devenue mon moyen d’expression. Cette expression a bien vite pris le dessus sur un port de bras impeccable.      

Aujourd’hui, quand je regarde de l’art dans un musée, dans les rues, en écoutant une chanson, c’est toujours ce sentiment que j’essaie de retrouver. De manière très personnelle, une pièce, une œuvre ne se veut réussie que si elle me fait ressentir une émotion, qu’elle soit violente, douce ou exaltée, une communication toute personnelle et originale entre l’artiste et moi. L’art se veut très rarement universel et ce qui fonctionne pour moi ne créera pas les mêmes émotions chez un autre et c’est tant mieux. Ainsi, tout le monde peut être artiste…

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