Il y a 65 ans, le Manifeste des Plasticiens

Petite histoire (de l'art) par Anne-Marie Bouchard, conservatrice de l'art moderne, MNBAQ
7 février 2020

Il y a 65 ans, le 10 février 1955, était lancé le Manifeste des Plasticiens lors du vernissage de l’exposition Les Plasticiens, présentée à l’Échourie, rue des Pins-Ouest à Montréal. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Arthur Gladu et Gérald Brunet, 
Plasticiens, exposition à l’Échourie,1955
Sérigraphie, 50 x 32,5 cm. MNBAQ

Jean-Paul Jérôme, Fernand Toupin et Jauran autour d’un tableau de Jérôme,
c. 1955.

 

Rédigé par Jauran (pseudonyme de Rodolphe de Repentigny), le Manifeste se voulait une synthèse des discussions qui animaient le groupe composé de Jauran, Fernand ToupinJean-Paul Jérôme et Louis Belzile :

« Les Plasticiens sont des peintres qui se sont réunis quand ils ont constaté que la similitude d'apparence de leurs peintures relevait d'une concordance dans leur conduite de peintre, dans leur démarche picturale et dans leurs attitudes envers la peinture, per se et dans la société humaine.

 

Comme le nom qu'ils ont choisi pour leur groupe l'indique, les Plasticiens s'attachent avant tout, dans leur travail, aux faits plastiques : ton, texture, couleurs, formes, lignes, unité finale qu'est le tableau, et aux rapports entre ces éléments. Éléments assumés comme fins.
 

Cette conception de la peinture se passe de justification, ou plutôt, elle la trouve dans ce fait en apparence banal : les Plasticiens font de la peinture parce qu'ils aiment ce qui est particulier à la peinture. C'est, en outre, une conception qui correspond à la liberté isolée du peintre dans le monde contemporain. »

Généralement bien accueilli par la critique, le Manifeste s’inscrit, à la suite des automatistes, dans la lignée des peintres abstraits qui préconisent la liberté de création, plutôt que la définition d’une approche picturale commune.   

Deux nouveautés au MNBAQ

L’un des 100 exemplaires du tapuscrit d’origine est actuellement en cours d’acquisition par le MNBAQ. Ce document d’importance viendra s’ajouter à la collection d’œuvres des Plasticiens, très tôt diffusées par le Musée de la province.

 

Cliquez droit ici pour changer la couleur de fond

Louis Belzile
Manifeste des Plasticiens, 1955,
Tapuscrit rédigé par Jauran (Rodolphe de Repentigny),
13,8 x 21,4 cm. MNBAQ 

Cliquez droit ici pour changer la couleur de fond

En effet, dès 1957, le Musée accueillera la Seconde exposition de l’Association des artistes non-figuratifs de Montréal dont font partie plusieurs artistes associés aux Plasticiens. En 1958, le Musée acquiert deux tableaux de Jérôme qui seront suivis de plusieurs autres acquisitions d’œuvres de tous les membres du groupe, en plus d’expositions qui leur seront consacrées, dont la plus récente Les Plasticiens et les années 1950-60 en 2013. 

Afin de souligner ce 65e anniversaire, un tableau rare et jamais exposé de Jean-Paul Jérôme sera accroché en salle Revendiquer de l’exposition 350 ans de pratiques artistiques au Québec. Le tableau Sans titre avait été offert en 1956 par Jérôme à un ami et collègue avec qui il travaillait à Radio-Canada. Jérôme se préparait à quitter Montréal pour Paris.

 

Cliquez droit ici pour changer la couleur de fond

Il demeurera dans la capitale française jusqu’en 1958. Il y côtoie, via sa relation avec la Galerie Denise René, plusieurs artistes liés au milieu de l’avant-garde française de l’après-guerre, dont Hans Hartung, Martin Barré, Jean Dewasne, Richard Mortensen et bien d’autres.

À son retour à Montréal en 1958, il est nommé professeur l’École des beaux-arts de Montréal, poste qu’il occupera jusqu’en 1973. Il se consacre à la peinture jusqu’à son décès en 2004. Le tableau fut retrouvé en 2013 par le neveu de l’artiste, M. Robert Jérôme, via la succession de cet ami de son oncle.

Cliquez droit ici pour changer la couleur de fond

Nous remercions M. Robert Jérôme pour le prêt de cette œuvre unique et pour sa collaboration à la documentation de cette recherche.  

2 Commentaires

Quand la peinture fait sens, un grand merci.

Victor Randriana

Depuis qu'une tante me l'a offert, je vis avec un tableau de JP Jérôme (1954, huile sur masonite, 22"X41") depuis des décennies et il me comble toujours de bonheur.

Philippe Dubé

Laissez votre commentaire