Petite histoire (de l'art) par Anne-Marie Bouchard, conservatrice de l'art moderne
18 janvier 2021

En 2018, M. Yves Beauregard offre en don au MNBAQ une photographie et 12 cartes postales typiques de la production de la photographe américaine Edith Watson en sol québécois. Le don reflète l’étendue du rayonnement des photographies de Watson, qui sont emblématiques d’un genre pittoresque et romantique qui gagnera en popularité auprès des photographes canadiens dans les années suivantes.

 

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Cette acquisition permet de documenter une pratique photographique majeure dans le développement de la culture médiatique, celle du reportage photographique dont la popularité est exceptionnelle au début du 20e siècle. Mais plus encore, elle est une occasion de faire connaître la trajectoire extraordinaire, et résolument non-conformiste, d’une femme photographe avide de découvrir et de faire découvrir la diversité culturelle d’un pays qui la fascine, le Canada.

biographie d'edith Watson

Edith Watson est née en 1861 au Connecticut dans une famille marchande libérale. Elle fréquente le Hartford Female Seminary, l’une des plus vieilles institutions d’enseignement destinée aux femmes américaines, fondée par la militante pour l’éducation Catharine Beecher en 1823. À l’âge de 19 ans, elle quitte la maison familiale pour faire son premier voyage seule en compagnie de son âne. Elle visite le Massachussetts pendant deux semaines. Durant les années suivantes, Edith Watson et sa sœur Amelia voyage dans toute la Nouvelle-Angleterre et se rendent fréquemment à New York. Elles financent leur voyage et leur subsistance en exposant et vendant des aquarelles et des peintures. Au début des années 1890, Edith Watson se tourne vers la photographie et fait son premier voyage au Canada où elle se rendra par la suite régulièrement à chaque retour de la saison estivale. Elle conservera cette habitude pendant près de 40 ans.

Elle fréquente les régions rurales du Québec et de Terre-Neuve, où elle photographie les femmes au travail dans les pêcheries de morue, mais aussi dans leurs tâches domestiques. Les femmes photographiées sont soigneusement identifiées et les occupations décrites. Elle étend rapidement ses pérégrinations à l’ensemble du pays en se rendant fréquemment en Colombie-Britannique, mais aussi en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba et en Ontario. Elle y fréquente les milieux ruraux, mais également les communautés autochtones et immigrantes. Elle immortalise les immigrants hongrois, russes et japonais, et les Inuits du Labrador. Elle vend ses clichés aux journaux et magazines canadiens et américains pour financer ses déplacements.

 

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En 1911, elle rencontre Victoria Hayward, une journaliste bermudienne qui deviendra sa compagne et collègue de travail jusqu’à la fin de sa vie. Ensemble, elles produisent des reportages illustrés pour différents médias, dont le Canadian Magazine. Les sujets des reportages sont diversifiés et traitent de toutes les dimensions de la vie culturelle et sociale. Parmi ces reportages, un sur les sculpteurs de Sainte-Anne-de-Beaupré présente des photos fascinantes de Louis Jobin au travail. En 1922, elles publient Romantic Canada, un des plus importants guides de voyage de l’époque. Hayward et Watson y développent le terme de Canadian Mosaic qui sera abondamment réutilisé par la suite pour caractériser le multiculturalisme canadien.

Edith Watson décède en Floride à l’âge de 83 ans.

 

balado : si les oeuvres d'edith Watson pouvaient parler

Écoutez la quête d'Anne-Marie Bouchard et Amarilys Proulx pour retracer le parcours de la photographe.

LES PELLICULES OUBLIÉES D'EDITH S. WATSON (PARTIE 1)

La conservatrice Anne-Marie Bouchard est passionnée par le travail d’Edith S. Watson, une photographe gravement sous-estimée au Canada. La journaliste Amarilys Proulx accompagne l’historienne de l’art dans sa quête pour retracer le parcours de cette aventurière du début du 20e siècle. Ensemble, elles découvrent un personnage iconoclaste et des artefacts inédits

 


LES PELLICULES OUBLIÉES D'EDITH S. WATSON (PARTIE 2)

Derrière chaque découverte se trouve une personne qui a travaillé dans l’ombre. C’est le cas de la chercheuse Frances Rooney, qui, à force d’acharnement, a permis de comprendre qui était Edith S. Watson. Sans elle, le patrimoine de la photographe aurait été détruit pour toujours. Amarilys est allée à sa rencontre.

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5 Commentaires

Très très intéressant .j’aime l’idée de sortir du Québec et de connaître les perspectives Des artistes d’ailleurs pour le Canada C est un plus Merci

Céline Gregoire

Bravo! À quand une exposition ?

Jean Houde

Merci! Quels fantastiques balados! Si magnifiquement réalisés, narrés et documentés! J'ai grandement apprécié cette écoute. Merci de nous faire découvrir cette histoire, cette artiste et sa contribution à notre histoire de l'art. Une réalisation impeccable!

C. Caron

Mme Bégin, Si vous cliquez sur le nom d'Edith Watson dans le premier paragraphe de notre texte, vous serez redirigée vers la page consacrée à l'artiste et pourrez y voir toutes les cartes postales.

MNBAQ

Merveilleux , ce reportage. A deguster a chaque jour. Merci de tout cœur.

France Fauteux

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