La fête des Mères

Petite histoire (de l'art) par Marie-Hélène Raymond, édimestre et gestionnaire de communauté, MNBAQ
9 mai 2017

Nous avons l'habitude de partager une oeuvre de notre collection pour célébrer les beaux jours de l'année. En cette fête de Mères, contemplons À l'ombre de l'arbre d'Helen McNicoll.

L'œuvre, en ce moment dans les réserves, sera à nouveau exposée dans les nouvelles salles d'art ancien et moderne du pavillon Gérard-Morisset lors du prochain redéploiement des collections prévu en juin 2018. D'ici là, nous avons demandé à Anne-Marie Bouchard, conservatrice de l'art moderne, de nous expliquer cette magnfique et apaisante toile...

 

Helen McNicoll

À L'ombre de l'arbre

Texte: Anne-Marie Bouchard, conservatrice de l'art moderne au MNBAQ.

Née à Toronto, Helen McNicoll grandit à Montréal dans une famille encourageant son éveil artistique, en dépit de sa surdité conséquente à une scarlatine survenue en bas âge. Développant très tôt un intérêt pour la peinture, peut-être généré par l’entourage aisé de plusieurs collectionneurs dans lequel elle grandit, elle pratique le scrapbooking, collectionnant des reproductions de tableaux et différents documents visuels tirés de magazines illustrés qui ne manqueront pas d’orienter plus tard sa démarche artistique. C’est à l’Art Association of Montreal, auprès de William Brymner, qu’elle entreprend sa formation artistique à la fin des années 1890, avant de quitter le Canada pour l’Angleterre. Dès 1902, elle fréquente la Slade School of Fine Art de Londres, école considérée comme particulièrement ouverte à l’égalité des sexes. Elle cumule les voyages en Europe, saisissant l’occasion de voir de nombreuses expositions témoignant des plus récents développements de l’impressionnisme et du postimpressionnisme. Elle expose pour la première fois à l’Art Association en 1906 et y reçoit le premier prix Jessie Dow en 1908.

Helen McNicoll privilégie la peinture de plein air, fidèle aux enseignements de William Brymner, puis de ses maîtres britanniques. Rejoignant d’autres femmes impressionnistes de son temps (telles Berthe Morisot, Mary Cassatt, Laura Knight et Dorothea Sharp, qui sera d’ailleurs une compagne de travail pendant toute la carrière de McNicoll), elle a pour sujets de prédilection les relations maternelles et les scènes de la vie quotidienne, souvent prétexte à une expérimentation soutenue sur les effets de lumière et d’atmosphère. Cette prédilection est en quelque sorte imposée aux femmes impressionnistes par leur genre et leur statut social qui les confine à la sphère intime ainsi qu’au quotidien féminin. Cette situation explique en partie l’importance des figures de femmes et d’enfants dans leur œuvre peint, à l’image d’À l’ombre de l’arbre, œuvre magistrale de McNicoll conservée dans la collection du MNBAQ.

L’œuvre, emblématique du style de McNicoll, présente un fond végétal sans réelle perspective, traité en larges touches vertes et jaunes révélant une forte luminosité ne se répercutant que faiblement sur la mère et l’enfant, protégés par l’arbre et par l’ombrelle. L’artiste favorise l’utilisation d’une palette de couleurs réduites, blancs, crèmes, jaunes et verts, déclinées finement pour obtenir un résultat d’ensemble harmonieux.

Élue à la Royal Society of British Artists en 1913, puis à l’Académie royale des arts du Canada en 1914, souvent exposée à Montréal et très appréciée des critiques de son temps, McNicoll est décédée en 1915, des suites de complications du diabète. Cette carrière écourtée de manière prématurée a certainement nuit à ce que sa contribution à l’histoire de l’art canadien soit reconnue justement.

Crédits: 

Helen Galloway McNicoll, À l'ombre de l'arbre, vers 1910. Huile sur toile, 100,4 x 82.6 cm. Collection MNBAQ (1951.40). Photo : MNBAQ, Jean-Guy Kérouac

 

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