Passion hivernale | Suzor-Coté (2 de 5)

Petite histoire (de l'art) par Anne-Élisabeth Vallée, détentrice d'un doctorat en histoire de l'art de l'UQAM
18 février 2016

La collection d’œuvres d’art de l’homme d’affaires et philanthrope Pierre Lassonde, présentée dans l'exposition Passion privée, est le fruit de l’exercice de l’œil averti du collectionneur, qui avance patiemment, ne voulant acquérir que ce qu’il y a de mieux. S’en dégage également un amour pour le paysage, et plus particulièrement pour les scènes d’hiver, cette saison qui définit véritablement le Québec.

Nous souhaitions aborder ce sujet du paysage hivernal dans une série de billets de blogue décrivant près d'une vingtaine d'œuvres présentées en salle d’exposition.

Pour cet article, Anne-Élisabeth Vallée, détentrice d'un doctorat en histoire de l'art de l'UQAM décrit Les Appalaches à Arthabaska de Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté.

Suzor-Côté, Les Appalaches à Arthabaska
Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté, Les Appalaches à Arthabaska, 1923. Huile sur carton, 71,1 x 90,8 cm. Collection Pierre Lassonde.

 

Suzor-Coté élabore une composition analogue dans Les Appalaches à Arthabaska, qu’il présente sous le titre Alleghany Hills in Winter, near Arthabaska, Quebec à l’exposition de l’Académie royale des arts du Canada tenue à Toronto à la fin de l’année 1923, comme l’indique une étiquette au revers de l’oeuvre. Par rapport à la pochade, ce tableau offre un point de vue plus rapproché sur la chaîne de montagnes qui borde le village natal de l’artiste. Le paysage enneigé y est baigné de la lumière éclatante d’une journée d’hiver ensoleillée. Le relief plus accidenté crée des plans bien différenciés qui s’enfoncent vers l’horizon placé très haut dans la composition. Cette mise en page qu’affectionne particulièrement Suzor-Coté permet d’attirer l’attention sur le véritable sujet de l’oeuvre: la neige et ses reflets colorés. Aucune trace de présence humaine ne vient distraire le regard, qui peut ainsi mieux apprécier cette traduction picturale de l’impression laissée à l’artiste par la nature.

Il en résulte un effet de camaïeu aux audacieuses combinaisons de bleus, allant du turquoise, qui domine le premier plan, au bleu violacé des montagnes à l’arrière-plan, en passant par un bleu pastel et un bleu-gris. Les rayons du soleil viennent réchauffer la composition en étendant leurs reflets jaune pâle et blond, en particulier dans les plans intermédiaires, créant ainsi de doux contrastes. La matière picturale appliquée généreusement forme des courants qui suivent les courbes des collines et en soulignent la topographie. La densité de la pâte réaffirme en revanche la matérialité de l’œuvre et ses qualités proprement picturales au détriment du sujet représenté et de l’illusion d’un espace tridimensionnel. Ce faisant, l’artiste y dévoile son intérêt pour l’expérimentation plastique.

1 Commentaire

Je suis le coordonnateur de la Fondation CLSC Suzor-Coté et nous avons en notre possession une lithographie de Suzor-Coté, un auto-portrait tiré à 50 exemplaire pour souligner le 50e anniversaire de la mort du peintre. Nous cherchons à la vendre pour financer la mission de la fondation qui œuvre pour le soutien à domicile. Si vous ou M. Lassonde avez intérêt, faites nous signe s.v.p.

Gilles Langlois

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