Art public MNBAQ: Michel de Broin, "Tortoise"

Petite histoire (de l'art) par MNBAQ
6 juillet 2017

Cet été, découvrez le Parcours d'art public TD au MNBAQ. Appréciez quelque 25 œuvres sculptures et installations monumentales ornant les espaces extérieurs entourant les quatre pavillons du complexe muséal, dont les trois œuvres de Michel de Broin, Tortoise (Tunnel), Tortoise (Cube) et Tortoise (Tour), 2012.

Des tables à pique-nique sur les plaines d’Abraham, quoi de plus banal? Toutefois, à y regarder de plus près, celles assemblées par Michel de Broin ont de quoi surprendre. L’artiste détourne ici avec humour cet objet banal. Ordinairement associées aux loisirs et aux moments de détente, les tables à pique-nique qu’il présente deviennent des espaces fortifiés. Le titre de l’ensemble, Tortoise, renvoie d’ailleurs à une formation militaire des soldats romains, dont vous pouvez voir une reconstitution sur votre écran. Pour réaliser cette manœuvre défensive, les combattants se regroupaient et formaient une armure protectrice autour du bataillon, une technique inspirée de la carapace de la tortue.

Les trois structures utilisent les tables comme matière première dans l’élaboration de constructions, comme s’il s’agissait d’un jeu de blocs. Pour des raisons évidentes de conservation, il est interdit de grimper dans les sculptures. Toutefois, malgré leur titre à caractère militaire et leur aspect massif, on comprend que les formations de bois ont été pensées de manière à convier les passants à interagir avec elles. Cube présente une structure fermée sur elle-même munie de quelques ouvertures qui incitent à y glisser un œil. Tunnel laisse voir une seule grande ouverture en long, sorte d’invitation à explorer l’intérieur de l’ensemble, à détourner l’usage habituel de la table pour s’y faufiler plutôt que de s’y asseoir. Tour joue quant à elle l’ouverture décloisonnée, sa structure en tables empilées appelant l’escalade.

Depuis une vingtaine d’années, Michel de Broin poursuit une pratique pluridisciplinaire dans laquelle il développe un vocabulaire visuel en constante expansion. Pièce par pièce, les objets qu’il met en jeu sont universellement reconnaissables, bien que leur agencement déjoue les fonctions et usages que l’on tient pour acquis. L’artiste réussit à établir des relations inédites en produisant des mises en scène déroutantes. Ici, il a détourné de son sens la table à pique-nique, un symbole nord-américain du loisir, pour créer une sculpture qui résiste à la banalité.

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