Acquisitions récentes : Edith Watson, «La Maison de Reine Lachance, Saint-Joachim»

Petite histoire (de l'art) par Anne-Marie Bouchard, conservatrice de l'art moderne, MNBAQ
23 mars 2020

Edith Watson 

(1861, Hartford, Connecticut – 1944, Floride) 

 

Edith Watson est née en 1861 au Connecticut dans une famille marchande libérale. Elle fréquente le Hartford Female Seminary, l’une des plus vieilles institutions d’enseignement destinée aux femmes américaines, fondée par la militante pour l’éducation Catharine  Beecheen 1823.

 

À l’âge de 19 ans, elle quitte la maison familiale pour faire son premier voyage seule en compagnie de son âne. Elle visite le Massachussetts pendant deux semaines. Durant les années suivantes, Edith Watson et sa sœur Amelia voyagent dans toute la Nouvelle-Angleterre et se rendent fréquemment à New York. Elles financent leur voyage et leur subsistance en exposant et en vendant des aquarelles et des peintures.

 

Au début des années 1890, Edith Watson se tourne vers la photographie et fait son premier voyage au Canada, où elle se rendra par la suite régulièrement à chaque retour de la saison estivale. Elle conservera cette habitude pendant près de 40 ans.  Elle fréquente les régions rurales du Québec et de Terre-Neuve, où elle photographie les femmes au travail dans les pêcheries de morue, mais aussi dans leurs tâches domestiques. 

 

Elle étend rapidement ses pérégrinations à l’ensemble du pays en se rendant fréquemment en Colombie-Britannique, mais aussi en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba et en Ontario. Elle y fréquente les milieux ruraux, mais également les communautés autochtones et immigrantes. Elle immortalise les immigrants hongrois, russes et japonais, et les Inuits du Labrador. Elle vend ses clichés aux journaux et magazines canadiens et américains pour financer ses déplacements.  

 

En 1911, elle rencontre Victoria Hayward, une journaliste bermudienne qui deviendra sa compagne et collègue de travail jusqu’à la fin de sa vie. Ensemble, elles produisent des reportages illustrés pour différents médias, dont le Canadian Magazine. Les sujets des reportages sont diversifiés et traitent de toutes les dimensions de la vie culturelle et sociale. Parmi ces reportages, un sur les sculpteurs de Sainte-Anne-de-Beaupré présente des photos fascinantes de Louis Jobin au travail.

 

En 1921, elles publient Romantic Canada, un des plus importants guides de voyage publiés à l’époque. Hayward et Watson y développent le terme de Canadian Mosaic qui sera abondamment réutilisé par la suite pour caractériser le multiculturalisme canadien.  

 

Les cartes postales conservées dans la collection du MNBAQ sont emblématiques de la production d’Edith Watson en sol québécois. Les femmes photographiées sont soigneusement identifiées et les occupations décrites. Lephotographies de Watson sont associées au genre pittoresque et romantique qui gagnera en popularité auprès des photographes canadiens dans les années suivantes, avant de devenir le genre officiel de l’Office provincial de publicité du Québec, par exemple.  

 

 

L’impression sur carte postale constitue, au début du 20e siècle, un mode de diffusion extrêmement recherché par les photographes. La popularité des cartes postales avant les années 1920 s’explique par leur potentiel de diffusion mondial. Non seulement sont-elles moins chères à produire et acheter qu’un magazine ou un journal illustré, mais elles sont plus largement disponibles. La large gamme d’images qui y sont imprimées, avant qu’elle ne soit réduite aux vues touristiques emblématiques, permet au public de découvrir la géographie, les mœurs, les œuvres d’art ou d’architecture. Les cartes postales d’Edith Watson s’inscrivent dans cette vogue. 

 

Edith Watson 

La Maison de Reine Lachance, Saint-Joachim 

Vers 1905 

Photogravure 

Collection du Musée national des beaux-arts du Québec, don de la collection Yves Beauregard

 

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